Le XXème anniversaire du Régency (1988 - 2008)
 


Les débuts


1988

Après une dizaine d'années d'interruption (en 1981), Saint-Pol s'enrichit d'un cinéma.
Mercredi 3 février 1988 : ouverture du cinéma « Le Régency » (140 places) dans la salle de l'ancienne chapelle des Soeurs Noires (l'entrée est située dans la rue Oscar-Ricque) par un exploitant privé, M. Crinon.
Deux longs métrages ont été sélectionnés : « Les dents de la mer IV » de Joseph Sergent, et « Sens unique » de Roger Donaldson. Sont annoncés : « Bernard et Bianca » pour les enfants, « Liaison fatale » et « L'aventure intérieure ».
Prix : 28 F. (réduction de 8 F. aux abonnés). Carte d'abonnement à 130 F. pour 52 films par an.
Le matériel de projection, l'écran et les fauteuils ont été achetés par l'exploitant. L'aménagement de la salle a été réalisé par la commune. Les travaux de peinture et de menuiserie, ainsi que l'installation du chauffage ont été confiés aux services techniques municipaux. Les autres travaux ont été réalisés par des entreprises locales privées.
La chaufferie servira aussi au musée et à l'église. Une subvention de 340 000 F a été accordée par le Ministère de la Culture sur la facture globale qui atteindra environ les 900 000 F.


Printemps 1988
Sandrine prend le bon air à Bonnières où l'on tourne « Peaux de vaches », comédie dramatique de Patricia Mazuy qui réunit autour de Sandrine Bonnaire, Jean-François Stévenin, Laure Duthilleul et Jacques Spiesser (ferme de MMme Dominique Gosse de Gorre au hameau de Beauvoir) et Beauval entre autres.


Vendredi 28 avril 1989
Un mois avant sa sortie officielle sur les écrans, le film « Peaux de vaches » a été présenté au Régency, en présence de la réalisatrice, Patricia Mazuy, M. Descamps, responsable de l'aide au développement cinématographique régional et Mlle Anne Coulon, représentant la fondation GAN pour le cinéma.
Le film a obtenu 2 distinctions : prix Georges Sadoul (20/12/1988), prix du public au Festival d'Angers (janvier 1989). Il eut le privilège d'être sélectionné pour le Festival de Cannes. Notons aussi que Maurice Dalle (et sa scie musicale) a participé lui aussi au tournage.


27 mai 1989
Une avant-première cinématographique nationale : « Peaux de vaches » est présenté au Régency. La salle fut prise d'assaut dès 15 heures. Le film, sorti le 31 mai, est projeté sur l'écran Saint-Polois jusqu'au 4 juin.


Octobre 1989
Le Régency plante, dans son hall, le décor du « Cinéma Paradiso », centième film tourné par le merveilleux Philippe Noiret et sorti le 20 septembre 89.
Exposition de matériel : projecteur des années 1960 prêté par Ciné-Promo, matériel de cinéma paroissial prêté par Saint-Louis (projecteur de 1950 « multiformats » : 8 mm ; 9,5mm ; 16mm), et le clou : un projecteur 35 mm de 1915 qui servait sur les champs de foire et qui rut utilisé par les frères Pathé !
Après le déroulement des 3364m du film « Cinéma Paradiso », les spectateurs purent visiter la salle de projection.

Avril 1990
Rachat du cinéma par la municipalité Saint-Poloise et reprise de la gérance par Promo-Ternois-Ciné créée par MM. Hervé Dhollande et Pierre Grave.
Les problèmes financiers ayant été la principale raison du départ de M. Crinon, le Régency a pu être classé parmi les cinémas en difficulté, ce qui permît à la municipalité, déjà propriétaire des murs, de prétendre à une subvention de 40% pour le rachat du fonds. Un salarié de la société, M. Bertrand Bajeux, fera « tourner la boutique ». Sept séances inamovibles sont prévues chaque semaine. On prévoit cependant des séances supplémentaires notamment pour les scolaires en semaine.
Et cette semaine-là : « Né un 4 juillet ».


Octobre 1991
Lancement du cycle d'initiation à la lecture d'image organisé par les responsables du Régency et les professeurs de lettres du lycée Châtelet. « C'est très important d'informer, d'éduquer, de former les jeunes à l'audiovisuel, tout en leur apprenant à critiquer et à prendre du recul face à l'événement », précise Guy Grivart, directeur du Régency.
Le thème du premier film « Monsieur le Maudit » s'inspire d'un fait divers célèbre : l'affaire du vampire de Dusseldorf. Le film fut présenté au public par les élèves du lycée. Puis un travail de filmologie et d'analyse aura lieu ensuite dans chaque classe, avec l'aide d'un intervenant. Le cycle se déroulera sur cinq mois.
Pour l'anecdote, rappelons que le cinéma Familia, de Saint-Pol, projeta sur l'écran le film «Le Maudit; Le Vampire de Dûsseldorf» les samedi 12, dimanche 13 et lundi 14 mai 1934. Ce film de 1931, l'un des plus grands de l'histoire du cinéma et le premier film sonore du réalisateur, l'allemand Fritz Lang, présentait un tueur en série, le Vampire de Dusseldorf, dans l'Allemagne des années 30.


1993 : Germinal
On ne peut pas laisser passer cette année 1993 sans parler de Germinal qui fut proposé aux Saint-Polois par le Régency. Réalisé cent ans après qu'Emile Zola eut mis un terme à son cycle romanesque des Rougon-Macquart, le film sera diffusé le 29 septembre 1993, quatre-vingt-onze ans jour pour jour après la mort de l'écrivain (2/4/1840 - 29/9/1902).
Le film : drame, durée 2 h 50, réalisation Claude Berri (La gloire de mon père, Le château de ma mère...). Parmi les acteurs, citons: Miou-Miou (Maheude), Renaud (Etienne Lantier), Jean Carmet (Bonnemort), Gérard Depardieu (Maheu), Judith Henry (la Catherine zolienne)... Budget (le plus gros budget du cinéma français de tous les temps, à l'époque): 165 MF... hors taxes. 10 millions de francs accordés par le conseil régional. 600 personnes vraiment employées. 1er jour de tournage : 3 août 1992 à Paillencourt, dernier: 5 mars 1993 au Voreux : c'était le 146e ! 155 000m de pellicule, 1328 plans... Un record !
L'action, on le sait, se déroule dans le bassin houiller du nord de la France, lors d'une grève provoquée par la réduction des salaires. Outre les aspects techniques de l'extraction minière et les conditions de vie dans les corons, Zola y dépeint les débuts de l'organisation politique et syndicale de la classe ouvrière ainsi que ses divisions entre marxistes et anarchistes.
Un film « pro » ou « anti »-Nord ? Quoi qu'il en soit, on peut y voir la fabuleuse épopée des mineurs, une sorte d'hymne à la mémoire collective du peuple chti en même temps qu'un témoignage sur les valeurs de travail, de courage et de solidarité.
Le film fut présenté en salle, à Saint-Pol, du jeudi 21 au dimanche 24 octobre et le mercredi 27 pour les scolaires et les étudiants.


Document Marcel Bayart.